Homélie de 1791
L’Assemblée constituante française, par son décret du 27 novembre 1790 obligea les ecclésiastiques fonctionnaires publics à prêter le serment suivant : « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles du diocèse (ou de la paroisse) qui m’est confié, d’être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le roi ».
La loi d’une nation prenait le pas sur la Loi de Dieu, l’administration de l’Eglise était confiée à des serviteurs de l’Etat et réorganisée pour se calquer sur l’administration civile.
Quatre évêques seulement l’acceptèrent, la majorité des prêtres refusa. Dans le Nord 20% accepta (360 jurèrent et 1512 refusèrent), à Lille 42 et 199.
Les brefs de Pie VI condamnèrent cette charte nationnale en mars et avril 1791 ce qui provoquât la rétractation d’un bon nombre de jureurs qui s’étaient laissés abuser. Puis, en 1792, il interdit aux Catholiques de fréquenter les prêtres jureurs.
On tentait de supprimer toute contestation au nom de l’ordre public.
Le décret du 27 novembre 1790 disait, dans son article 8 : « Seront poursuivies comme perturbateurs de l’ordre public et punies suivant la rigueur des lois toutes personnes ecclésiastiques ou laïques qui se coaliseraient pour combiner un refus d’obéir aux décrets de l’Assemblée nationale acceptés ou sanctionnés par le roi, ou pour exciter des oppositions à leur exécution ».
On voulait bien tolérer des prêtres mais à condition qu’ils disent ce que l’Etat voulait entendre et qu’ils se préoccupent uniquement de ce qui est spirituel. Ceci en contradiction totale avec l’Evangile et les nombreuses actions solidaires, fraternelles et éducatives que l’Eglise exerçait depuis sa fondation (hôpitaux, hospices, orphelinats, écoles etc.).
En novembre 1791 on refuse même aux prêtres jureurs la liberté de culte, le roi y met son veto. A sa chute en 1792 les persécutions commencent : 75000 prêtres quittent la France d’autres sont massacrés, guillotinés, obligés de se marier, les livres sacrés sont brûlés sous prétexte qu’ils font œuvre de fanatisme, d’intolérance et d’antirépublicanisme. En 1793 on transforme les églises en Temple de la raison.
C’était sans compter que l’Eglise n’est pas limitée ni asservie à une nation mais qu’elle est catholique (universelle), que sa source est immuable (La Bible), que les actes de chaque Chrétien sont définis par Dieu, que la population voyait bien que les lois en question allaient à l’encontre de la Loi de Dieu et même du respect des hommes et que tout ce qui était subit par ces gens d’Eglise ne se justifiait pas par le danger qu’ils étaient censés faire courir à la nation. Nation d’ailleurs qui n’avait aucune légitimé territoriale (Lille n’était du royaume de France que depuis 120 ans par exemple), linguistique ou ethnique. On tentait de légitimer une union “sacrée” autour d’une nation sans fondement et, pis encore, de légitimer la destruction de toute opposition sous prétexte de communion.
La liberté de culte est rétablie en 1795 après la révolte vendéenne (Traité de la Jaunaie) mais toujours avec des prêtres asservis par l’Etat. Le culte privé est interdit. Il est interdit de respecter le repos dominical qui devient jour de travail obligatoire.
Ce n’est que lors du Concordat en 1801 entre Napoléon et le pape que la situation se calme bien que l’Etat français cherche à conserver le contrôle de l’Eglise de France en acceptant ou refusant les évêques proposés par Rome.
Et à Quesnoy ?
Le nouveau curé constitutionnel de Quesnoy sur Deûle, tiré de sa retraite faute de candidats, avait renoncé à l’Evangile pour dire ce que la municipalité révolutionnaire voulait entendre… (25/05/1791)
Est-ce un trait d’humour lorsqu’il traite l’Eglise de fanatique qui conduit le monde à sa ruine, parlant à des fanatiques révolutionnaires ?